Le Supermarine Sea-Otter
© Jacques Moulin 2012.
Sea-Otter à Cat-Lai en Indochine. La véritable loutre de mer
Profil mis gracieusement à notre disposition par Patrick Marchand.
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Le Sea-Otter (loutre de mer) était un petit amphibie construit par Supermarine pour remplacer les Walrus du même constructeur. Son utilisation par l’Aéronautique Navale française est très peu connue. Elle ne dura que pendant cinq années. Ces appareils ne furent utilisés qu’en Indochine.
Pendant les années 30, la firme britannique Supermarine fut l'un des principaux fournisseurs d'hydravions à coque de la Royal Air Force et de la Fleet Air Arm (1), notamment le « Stranraer » bimoteur, et le monomoteur « Walrus », un appareil solide et bien utile pour le sauvetage en mer.
Un Sea-Otter de la 8.S photographié en Indochine.
Il porte le matricule JN 123 (Archives SLHADA).
En février 1938 , le moment semblait arriver de trouver un remplaçant au Walrus qui devait remplir les missions de SAR côtière et de surveillance des zones de pêche autour de la Grande-Bretagne. L'Air Ministry émit donc la spécification 7/38 relative à ce genre d'appareils. Evidemment Supermarine ne partait pas de zéro et il s'inspira du Walrus.
Le prototype fit son premier vol le 28 août 1938. L’appareil fut baptisé Sea-Otter (loutre de mer). Le résultat, assez réussi, donna un appareil biplan amphibie, à coque biplan, dont l'unique moteur était installé dans une nacelle située immédiatement sous le plan supérieur. La construction en était entièrement métallique et il disposait d'un train d'atterrissage tricycle rétractable lui permettant de se poser sur des terrains ordinaires.
Si l’appareil était assez élégant il était instable au décollage et limite critique à l'amerrissage. Les autorités britanniques ordonnèrent alors le renvoi de l'appareil en usine. Le constructeur repensa complétement l’appareil, notamment les systèmes hydrauliques et mécaniques de l'appareil.
Nous étions en 1939 et la Grande-Bretagne était entrée en guerre contre l'Allemagne nazie. A cause de l’impossibilité de construire en même temps les Spitfire et les Sea-Otter, la fabrication en fut transférée à Saunders-Roe.
Le premier exemplaire du Sea-Otter fut finalement déclaré opérationnel le 30 juillet 1943, soit près de cinq ans après le premier vol de son prototype, dans les unités du Coastal Command. Ce fut le dernier biplan à être accepté au service opérationnel par la RAF.
Lors du débarquement du 6 juin 1944 une dizaine de Sea-Otter furent affectés à l'appui des opérations.
Rare photo d’un Sea-Otter de l’escadrille 9.S (Archives Jacques Moulin).
La Fleet Air Arm quant à elle ne reçut ses premiers Sea-Otter qu'en novembre 1944, lesquels allèrent directement au Squadron 170. Six de ces machines furent affectées à bord du porte-avion d'escorte HMS Khedive. Ces appareils effectuèrent tout leur temps de guerre dans le Pacifique et l'Océan Indien.
Après-guerre, le Sea-Otter servit au sein de la RAF jusqu'en 1954 pour des missions de SAR, de liaison, d'entrainement et de calibration radar. Le dernier Sea-Otter fut livré en 1946. Dans les unités de la FAA le Sea-Otter fut utilisé en opération comme appareil SAR à bord de six porte-avions dont le HMS Triumph et le HMS Theseus. Le Sea-Otter fut finalement retiré du service dans la Fleet Air Arm en 1952 et remplacé par des hélicoptères Westland Dragonfly.
Un Sea-Otter de la 8.F en hydroplanage. C’est le JM 873 (Archive Jacques Moulin).
Utilisation par la France.
La Marine Nationale française reçut 17 Sea-Otter qui avaient été acquis en deux lots. Un premier lot de 10 appareils acheté en 1947 à la Royal Navy, ces appareils furent affectés à la 8.S pour les opérations en Indochine. Ce lot fut un peu augmenté par quelques carcasses pouvant servir de magasin de pièces de rechange.
Six Sea-Otter probablement de la 8.S (Archives SLHADA).
Quelques accidents mirent hors de combat deux des Sea-Otter le JN 122 et le JN 127, qui furent renvoyés en métropole pour être réparés, mais certaines pièces du JN 122 avec une carcasse achetée comme réserve de pièces permirent de reconstruire un appareil qui prit le n° JN 1220. Ce qui fait que si la Marine a reçu 17 appareils elle en fit voler 18.
Le deuxième lot de sept appareils fut livré en 1950 et immédiatement envoyé en Indochine et ce qui permit la constitution de la 9.S.
Le dernier vol d’un Sea-Otter français a eu lieu le 21 mars 1952. Puis les 10 appareils restants furent réformés en 1952 en Indochine.
Quatre Sea Otter en Indochine (Archives SLHADA)
Un Sea-Otter de la 8.S, les appareils sont en mauvais états (Archives SLHADA)
Spécifications.
Type : Hydravion amphibie biplan monomoteur de patrouille maritime.
Constructeur : Supermarine Aircraft .
Equipage: Quatre.
Motorisation : 1 × Bristol Mercury XXX moteur en étoile refroidissement par air de 965 ch.
Hélices : tripales
Caractéristiques générales
Longueur: 12,16 m
Envergure : 14,02 m
Hauteur: 4,61 m
Surface alaire: 56,7 m²
Masse
Masse à vide : 3093 kg
Poids en charge: 4545 kg
Performance
Vitesse maximale : 262 km/h à 1370 m
Rayon action: 1111 km et 1480 km avec réservoir supplémentaires.
Plafond pratique : 5180 m
Armement.
Une mitrailleuse Vickers K de calibre .303 (7.7 mm) dans le nez et deux autres Vickers K à l'arrière
(1) La Fleet Air Arm est la branche chargée des aéronefs embarqués sur les bâtiments de la Royal Navy britannique. Elle fut créée le 1er avril 1924 comme Fleet Air Arm of the Royal Air Force, reprenant les traditions du Royal Naval Air Service créé à la veille de la Première Guerre mondiale.